J’ai eu la chance, cette semaine, de passer 7 jours à Washington, dans le cadre du « Global Forum – Partners in Learning » organisé par Microsoft. Il s’agit, comme ils le définissent, d’une « coupe du Monde de l’éducation », où se rencontrent plusieurs projets innovants.

Compétition ou collaboration ?

Vu de l’extérieur, on peut se poser la question de l’utilité d’un tel forum. Les projets présentés sont certes en compétition, observés par les lunettes évaluatives de plusieurs juges, qui examinent le travail de chaque enseignant sous un éclairage particulier (le projet permet-il d’ouvrir la classe à l’extérieur ? de favoriser une pédagogie collaborative ? de développer la créativité ? etc.).
Cependant, dans les faits, un tel rassemblement est vraiment l’occasion d’échanger et de partager des idées pédagogiques (105 enseignants de 70 pays différents, sans compter les centaines d’équipes, directeurs, décideurs pédagogiques…).

Pourquoi Microsoft s’occupe-t-il des enseignants ?

Lors de ma première participation à un tel forum, je me suis posé la question de la pertinence de l’organisation d’un tel rassemblement par une entreprise. Les frais de réception sont élevés (sans compter que l’accueil est royal), et nous ne sommes pas tous de grands utilisateurs de produits Microsoft.

L’explication du manager français m’a convaincu la première année : l’entreprise possède une part du total des utilisations des technologies éducatives. Leur intérêt est de développer l’ensemble des usages, toutes entreprises confondues, afin d’accroître le volume de leur propre part (et non forcément sa proportion).

Si je prends mon exemple, le projet que je présentais (« Apprendre à lire en utilisant Twitter ») n’a absolument rien pour servir Microsoft : Twitter n’a pas (encore) été racheté par Microsoft, j’utilise Open Office ou des « Google Docs », concurrents directs de la firme de Redmond, je n’utilise pas Internet Explorer et ne suis pas spécialement sympathisant des pratiques commerciales intrusives de la marque, même si j’utilise Windows qui me convient parfaitement.

Au final cependant, en habituant mes élèves à un usage intensif de l’informatique, j’en fait clairement de futurs clients potentiels de Microsoft.

Un contexte pédagogique

Je l’avoue, sur l’esprit des conférences données sur place, si effectivement Microsoft fait la promotion de ses produits (et on ne peut pas le leur reprocher), le fond reste quand même très axé sur la pédagogie. Compétences du XXIe siècle, collaboration, créativité… autant de mots-clés qui viennent pour justifier l’utilisation d’outils, et non l’inverse.

Pour ma part, il en résulte une claire amélioration de l’image de la marque. Cela ne signifie pas que je vais abandonner un bon outil gratuit au profit d’un payant estampillé Microsoft, mais j’aurais peut-être moins d’a priori négatif face à un test éventuel. L’entreprise fait des produits payants, c’est son rôle, mais savoir qu’il y a derrière des gens qui pensent et parlent pédagogie, ça n’est pas forcément inutile.

Cependant, il faut reconnaître que parfois, le « contexte pédagogique » devient plutôt « prétexte pédagogique », comme cette jolie pub pour Kinect qu’on nous a projetée durant une conférence (je vous mets la version française) :

L’occasion de tester

Je suis, à titre personnel, mais aussi en classe, un utilisateur convaincu par les produits d’une entreprise concurrente, Google : Gmail, Agenda, Docs, Maps… Ce sont des outils qui ont une simplicité et une puissance d’utilisation, mais aussi une gratuité et une réactivité que j’apprécie.

Le forum a été l’occasion pour moi de découvrir des équivalents à ces produits (Bing Maps, Skydrive…) et de les tester, chose que je n’aurais jamais faite sans ce forum. Le plus intéressant, c’est qu’on se sent libre de donner son avis sur un produit. Par exemple, les options de partage de documents sous Skydrive m’ont paru compliquées, et je ne me suis jamais senti l’interdiction de le dire. A l’inverse, je suis intrigué et en attente face aux possibilités de Kinect en éducation.
J’ose espérer en la réactivité de Microsoft pour continuer à améliorer la facilité d’usage des outils, mais ce qui est certain, c’est que je suis désormais prêt à tester. Je ne l’étais certainement pas il y a 2 ans.

Des rencontres

Au-delà de tous ces aspects purement mercantiles, ce forum d’enseignants est vraiment l’occasion de partager des expériences et des réflexions pédagogiques avec des enseignants du monde entier. Et cela, l’Education Nationale ne nous le propose pas par défaut, même au niveau national ou local… Il faut dire que la communication est parfois difficile au sein des équipes lorsque les relations humaines ou l’immobilisme n’aident pas au partage.

Ainsi, je découvre des projets tout-à-fait transposables dans ma classe (par exemple l’agence de voyage d’une collègue néerlandaise), mais je m’ouvre également à des conditions d’apprentissage tellement différentes (comme ce prof de CP au Guatemala qui bosse les mathématiques dans le but de construire des paniers à revendre en famille au marché…).

Energie !

Enfin, ce genre de forum, c’est l’occasion de recharger les batteries, et de se dire qu’on n’est pas les seuls à vouloir faire bouger les lignes très figées de l’éducation pour un meilleur apprentissage et plus de bien-être pour les élèves.

Je vous laisse donc avec la question « combien l’ont-ils payé pour dire ça ? », mais pour ces excellents moments d’échanges et de passion, merci Microsoft !

🙂

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