Ce début d’année scolaire a été assez particulier… J’attendais une grande énergie à dépenser sur la mise en place des nouveaux programmes de l’école primaire, mais toute l’attention a été portée autour d’une réalité bien plus présente : la peur des attentats.

Se protéger ou s’enfermer ?

L’école est particulièrement visée. Paraît-il. Nous avons donc obéi aux instructions très peu controversées du ministère de l’Education Nationale, qui demande de réaliser, avec nos élèves, un exercice de confinement en cas d’intrusion.

Vous imaginez ? Notre école qu’on voulait accueillante, celle où nous voulions que les adultes et les enfants puissent vivre dans un climat de bienveillance, cette même école devrait sécuriser les accès, contrôler les identités, supprimer les fêtes, rehausser les murs ou calfeutrer les fenêtres…

Cette semaine, j’obéissais donc sagement aux instructions, plein de remords avec la sensation de faire une grosse bêtise. Le tableau : mes 26 CP allongés par terre dans la classe fermée à clé et plongée dans le noir, avec consigne de ne faire aucun bruit pour ne pas se faire repérer par le “méchant”… N’y a-t-il pas un problème, là ?

Certes, nous avons essayé, au moins pour les plus jeunes, de rendre l’exercice ludique : le mot “attentat” ou “terroriste” n’a jamais été prononcé, et j’ai présenté cela comme une partie de cache-cache ou “comme l’histoire des 3 petits cochons face au loup”, au cas où un méchant entrerait dans l’école. Mais quel impact sur ces petites têtes, sur leur imagination, quelle image de l’espèce humaine, de notre “prochain” si j’ose employer ce terme connoté ?

Je suis ce que je vis

Mes élèves ont ri, et se sont amusés je pense de la situation d’être tous allongés en silence (officiel) pendant 20 minutes. Aucun ne m’a dit avoir eu peur ; j’ai insisté sur la notion d’exercice, de “pour du faux”. Nous avons comparé avec les alertes incendies qui sont devenues un réflexe, en leur faisant remarquer qu’il n’y avait jamais eu le feu dans notre école… Cependant, je reste profondément perplexe, et presque honteux d’avoir joué ce jeu.

On oublie qu’un attentat est avant tout un acte isolé, et qu’il concerne, au moins tant que je peux l’écrire, toujours les autres. Enfin, les autres, je devrais dire quelques malheureuses victimes, qui bien-sûr ont ma compassion, mais qui ne représentent rien, en nombre, par rapport aux accidentés de la route, aux victimes du tabagisme passif ou encore aux accidents domestiques (y compris ceux qui arrivent à l’école).

En associant notre jeunesse à cultiver la menace terroriste, on joue le jeu des terroristes. Un terroriste veut terroriser, et nous sommes, à mes yeux, les premiers terroristes en apprenant la peur à nos enfants.

peur

Qu’on se protège d’un risque industriel avéré, d’un risque d’incendie, ou de la chute des tuiles, cela me semble dans la nature des choses, mais qu’on diffuse les craintes que les médias cultivent chez les adultes auprès de nos futurs citoyens, cela me pose vraiment question.

Dormez, braves gens !

Que puis-je faire ? Désobéir en refusant de faire ces exercices ? Ils y seront confrontés dans les autres classes… Rassurer les enfants en disant qu’il n’y a que des gentils autour de nous ? On me reprocherait d’élever des Bisounours… Me plier au troupeau en me disant que la société a changé et que nous sommes en état de guerre ? Nous n’avons pas les mêmes valeurs.

Une chose est certaine, j’ai compris ce jour à quel point nos choix déterminaient la société que nous voulons. Cette société qui a peur, je ne la souhaite pas, je veux une société qui ose vivre, et qui arrive à vivre ensemble : apprendre à s’apprécier, à profiter de nos différences, à régler ensemble nos conflits, à s’encourager, c’est un vrai combat qui commence dans la classe, toutes lumières et portes ouvertes !

41 commentaires “C’est bon, chef, j’ai terrorisé mes élèves !”

  1. Merci pour ce message !
    Je pensais être la seule à defendre l idée que finalement les terroristes ont reussi à terroriser. Et nous avons aussi notre rôle à jouer pour ne pas atiser les peurs….

  2. Tu as raison. Nous vivons dans un monde de fous ou l’on entretient  » volontairement » la peur de l’autre. Cela conduit au repli sur soi, au développement des égoïsmes et à la lâcheté……Certes la période est troublée et je pense qu’elle risque de l’être encore quelque temps avec des pics tragiques. C’est indiscutablement la faute de dirigeants incompétents, qui naviguent à la petite semaine au gré de leurs propres intérêts ! Alors il nous faut surmonter nos craintes et surtout ne pas les faire partager à de jeunes enfants. Qu’ils gardent leur fraîcheur et leur innocence.

  3. Je pense que j’aurais encore été directeur d’école, je me serais trouvé dans l’obligation de désobéir et j’aurais refusé de me livrer à cette triste mascarade dans mon école. Je trouve que cette exigence de la hiérarchie est particulièrement révélatrice de sa stupidité qui a adopté une croissance exponentielle depuis les années 90. Une mesure simple pour améliorer l’école et la faire remonter un peu au niveau des classements internationaux serait de supprimer purement et simplement le corps des inspecteurs (inspecteurs de circo, d’académie, inspecteurs pédagogiques régionaux, inspecteurs généraux…) Et en plus, ça dégagerait beaucoup d’argent pour qu’il puisse par exemple y avoir des binômes dans les classes, comme en Finlande…

  4. Mais … une tempête, un incendie, un accident industriel, sont aussi des situations isolées, et depuis les dramatiques épisodes « Pailleron », il y a des alertes incendie.
    C’est bien, déjà et surtout pour les profs, qui vont savoir par où passer !
    Idem pour les autres exercices.
    Vous citez tabac et alcool, domesticité, mais il s’agit de responsabilités individuelles.
    La nous parlons de responsabilité collective.

    « apprendre à s’apprécier, à profiter de nos différences, à régler ensemble nos conflits, à s’encourager, c’est un vrai combat qui commence dans la classe, toutes lumières et portes ouvertes ! » (sic)

    Plus que d’accord bien sûr, mais bon courage pour la suite si la classe est la cible, si vous êtes encore vivant …

  5. Merci pour toutes vos réflexions qui alimentent la mienne. Je reste sensible à ce message : « les temps ont changé, la protection n’est pas la peur… ».

    Dans ma situation de classe, à Dunkerque en quartier, je me sens certainement plus exposé par l’une des 13 usines SEVESO que par un terroriste… mais peut-être est-ce une erreur ? C’est surtout qu’une usine qui explose, c’est un accident, alors qu’un terroriste, c’est une attaque directe à l’enfance, et je pense que s’il faut effectivement protéger, il ne faut pas faire jouer ce jeu aux plus jeunes. Subir un accident, ou être victime d’un criminelle, ce n’est vraiment pas la même échelle de peur.

    Après, je sais que certains arrêtent de vivre, n’osent plus aller dans des rassemblements en plein air ou n’iront plus jamais à un feu d’artifice. Je respecte, mais ce n’est pas mon choix de vie.

  6. Je vous suis totalement dans la réflexion.
    Et j’ajouterais que, en effet l’école pourrait être une cible (ça n’arrive pas qu’aux autres), mais soyons sérieux 2 minutes : cacher 200 enfants et une douzaine d’adultes sous les bureaux dans des classes plongées dans le noir, c’est vraiment une action de protection ? Ou ça permet juste de faciliter l’action terroriste ?

    Le principe moral me dérange, et l’utilité réelle de cet exercice de confinement me laisse plus que perplexe…

  7. Je ne suis pas vraiment d’accord avec vos conclusions, votre réflexion. Je pense que les « malheureuses victimes » ne sont pas quelques unes. L’exercice qui est fait à l’école, leur servira aussi à l’extérieur de l’école. Je regrette mais le monde dans lequel on vit a changé. Et si il faut s’évertuer à toute force à apprendre le respect, la fraternité, la tolérance à nos enfants, il faut néanmoins les préparer à vivre dans le monde actuel, où les terroristes n’ont que faire de nos réflexions humanistes (réfléchissent-ils d’ailleurs). Si un jour, on se trouve dans un supermarché, un musée, une fête dans laquelle se passe un évènement terroriste, je préfère que mes enfants et moi ayons les réflexes pour notre protection basique.

  8. Hello JR,

    … comme je te comprends et suis d’accord avec toi !
    Un jours, Sylvain Connac m’a partagé cette évidence : « la société de demain sera à l’image de l’école d’aujourd’hui ».
    C’est à la fois un constat de pessimisme (quand on voit ce qu’est parfois l’école)… mais aussi un beau message d’espoir !
    A+

  9. Donc il ne faut pas anticiper un éventuel carnage. Soit. C’est une vision des choses. Quant à la peur, ce n’est pas l’Etat français qui en est l’origine, comme vous aimeriez bien le croire. Souvenez-vous de Merah, du 13 novembre et j’en passe.
    Alors dormez, braves gens, indignez-vous dans vos justes causes, drapez-vous dans vos postures toutes pures, gentilles et démago.
    (Allez voir un psy aussi à l’occasion, ça peut servir! Quoique les pathologies collectives qui cultivent le déni de réalité, je ne sais pas si un psy est compétent…)

  10. Je suis contente de lire ce point de vue de la part d’un enseignant. En tant que maman j’ai expliqué à mes enfants que je n’étais pas favorable à ce genre d’exercice. Les attentats aussi terribles soient-ils, restent des événements isolés. Il serait préférable que l’école apprenne aux enfants à coopérer entre eux à s’entraider, à accepter les autres.

  11. Sur le fond:

    Ce n’est pas pour rien que la télé instille la peur, c’est un bon moyen de vendre.
    https://www.youtube.com/watch?v=8WiiqssAME4

    Le problème c’est qu’ensuite cette peur s’infiltre partout même chez les inconséquents qui définissent les procédures de sécurité, qui finissent par imposer des choses débiles juste pour se protéger eux-mêmes.

    Sur la forme:

    Se cacher dans un lieu clos n’est certainement un moyen de protection efficace, c’est juste offrir une cible plus facile.

    Former les enseignants à un peu de self-défense améliorerait sensiblement leurs chances dans le cas extrêmement improbable d’une telle attaque, mais je doute que ces gens instruits apprécient tous l’intrusion sport de combat dans leur métier.

    Par contre ça pourrait leur servir contre certains parents d’élèves déséquilibrés, statistiquement bien plus dangereux que les kamikazes islamistes car bien plus nombreux.

  12. C’est effectivement triste de se voir obligé d’instiller la peur dès le plus jeune âge…

    Je pense que la bonne réaction est la désobéissance civique face à une injonction qui n’est pas bonne.

    Ne pliez pas.

  13. Il FAUT désobéir !!!

    C’est un devoir civique de ne pas se laisser emporter par cette « terreur » mise en avant par les merdias (BFM Tv en tête de gondole) et fertilisée par le gouvernement et ses annonces débiles qui n’apportent rien sauf de dire que quelque chose a été fait (on ne pourra pas leur reprocher que rien n’a été fait même si ce qui aura été fait ne sert à rien).

    « Cette société qui a peur, je ne la souhaite pas, je veux une société qui ose vivre, et qui arrive à vivre ensemble : apprendre à s’apprécier, à profiter de nos différences, à régler ensemble nos conflits, à s’encourager, c’est un vrai combat qui commence dans la classe, toutes lumières et portes ouvertes ! »

    Totalement d’accord avec ça. Et même si vous êtes seul à  » Désobéir en refusant de faire ces exercices » vous aurez fait ce qu’il faut.

    Se dire que les enfants « y seront confrontés dans les autres classes…  » n’est pas la solution car si tout le monde réagit de la sorte, rien ne se fera pour dénoncer une telle idiotie.

  14. Fermer la porte à clef d’accord mais, il faut apprendre à faire lancer tout objet dès que quelqu’un entre dans la pièce!

    Et non pas attendre sagement que le terroriste rentre…

  15. Il y a quelques jours j’ai emmené mon fils à l’école. Il pleuvait, tous les élèves étaient massés sous un abri.

    Il me dit, « c’est le moment de lâcher une bombe ». je rigole, il a 9 ans, parler de pet, de prout et tout ça c’est une bonne blague.

    Puis il continue, « Bin oui si un terroriste passe par là… »
    C’était moins drôle du coup, j’étais tout triste que ce genre d’idée lui passe par là tête.

    Il n’a pas l’air d’avoir peur mais cette idée est présente et je trouve ça affreusement triste.
    Pour moi « les méchants » ont gagné.

  16. Ce premier exercice a eu pour objectifs de se déplacer en silence pour rejoindre les points de confinement et d’y rester dans un silence total.
    Personne n’a été terrorisé (sans jeu de mots)

    La devise de l’école est la suivante : grande vigilance sans tomber dans la paranoïa.

  17. « Si vis pacem, para bellum »

    Désolé pour l’opinion contraire aux reste des commentateurs du site. J’aime autant qu’il y ait une chance que nos chères têtes blondes puissent se mettre en sécurité. Le terrorisme ils connaissent. Ils comprennent, hélas.

    J’ai tout d’abord été révolté intérieurement de cette mesure. Première année de classe de mon enfant, le mettre en situation, même simulée, d’un massacre à la probabilité très faible… quelle erreur. Puis finalement, cet exercice m’a semblé sensiblement plus cohérent qu’un bête « sauve qui peu ».

    Je ne reprendrais pas les commentaires un par un, mais j’ai lu qu’il faut mieux leur apprendre à s’entraider. Cet exercice n’empêche pas ça, ni avant, ni après.

    J’ai également lu que cela leur enlèverait leur innocence. En discutant avec des amis parents d’élèves par ailleurs, il semblerait que tous les professeurs, tout comme l’auteur de ce blog, se sont donnés la peine d’adapter le discours à l’age de chaque classe, conformément à la demande de l’EN.

    Bref, c’est évident que ça n’amuse personne, mais se mettre des œillères sur la réalité de la situation, pas partie pour s’arranger n’est par forcément de la clairvoyance non plus.

    Je suis loin d’avoir un avis fixé sur la situation et suis ouvert à toute discussion 🙂

  18. Je suis assez d’accord avec l’idée qu’on nous demande de rentrer dans un moule. Les programmes des enfants évoluent vers un peu moins d’expression libre, beaucoup de remplissage de têtes. Et maintenant, on leur dit même comment ils doivent se comporter : avoir peur !
    Vous avez tout à fait raison de pointer le nombre de mort des autres problèmes : voiture, tabac, pollution… demande-t-on aux enfants de faire des exercices en cas d’accident de voiture ? en cas de pollution excessive ? fait-on autant d’efforts pour dissuader de fumer ? Pas vraiment.

  19. Il n’y a pas de terroristes…juste un lobby sioniste en mouvement et un gazoduc Franco-Quatari qui longe la Syrie…le reste n’est qu’un jeu médiatique de propagande.

  20. Désobéir, tout simplement. Quand l’ordre est inapproprié ça ne doit poser aucun cas de conscience de désobéir (je ne me suis pas plié à cette mascarade avec mes élèves et ils ne s’en portent pas plus mal). Nous sommes dans un système très culpabilisant qui n’hésitera pas à pointer du doigt le vilain-petit-canard-d’instit’ qui ne se plie pas à la règle, mais si c’est pour faire le jeu de cette psychose générale on ne sortira jamais de ce cercle vicieux (et très malsain).

  21. Je suis complètement d’accord avec vous et ça fait du bien de le lire…
    Et si vous expliquiez votre dernier paragraphe exactement comme vous l’avez fait ici, à vos élèves ?

  22. Merci de dire tout haut ce que nous pensons tout bas…

    Ici, on avait pour consigne de se sauver et de se réfugier dans 2 endroits différents/ notre position initiale.
    L’un des refuges était la caserne des pompiers derrière l’école et bien, les collègues se sont fait « jeter » à coups de « vous déstabilisez le service ! Vous allez amener les terroristes chez nous, on ne pourra plus sortir pour porter secours, surtout si on est morts ! »
    L’évacuation a été réalisée dans un temps correct mais comme bilan le gendarme superviseur, nous sort (ce qu’on avait fait remarqué avant…) « la fuite à découvert n’est pas la solution idéale ».
    Bref, nous sommes quittes pour un second exercice, en ayant fait un remaniement-réunion (encore !!!) au préalable, tout ça pour se protéger avec une ardoise d’un ou plusieurs gars armés de fusils d’assaut
    Et encore je ne vous raconte pas si ce dernier débarque pendant la récréation, en sautant au dessus de la barrière donnant sur la rue (pas de cachette possible dans la cour et toutes les grilles fermées à clé)…

  23. nous avons nous aussi fait notre exercice intrusion: fermer les portes à clés: nous n’avons pas les clés, la mairie refuse d’en faire refaire et nous avons des portes qui donnent sur les salles voisines, placer des meubles devant les portes: les placards sont intégrés aux murs, ne restent que les tables d’enfants et mon bureau que je peux déplacer de 30 cm à la minute tant il est lourd, se cacher: il y a des fenêtres tout le long de la classe. Sans compter que le portail qui donne sur la cour ressemble à celui du dessin de ton article. En gros, ces mesures sont de la mascarade pour beaucoup de locaux scolaires en France.

  24. C’est incroyable ce nouvel exercice de prévention…. inutile en effet….
    Qui peut s’imaginer que :
    -> se cacher sous des tables dans le noir (très relatif d’une classe… (depuis quand les fenêtres des écoles sont elles noircies afin de permettre l’obscurité??) puisse empêcher les balles d’atteindre des cibles choisies???
    -> mettre un table d’écolier pour bloquer une porte…. (je rigole devant l’évidente inutilité du geste!!!) puisse empêcher quiconque d’ouvrir cette porte????
    -> Fermer la porte à clé….( bien les « méchants » n’ont plus qu’à mettre le feu….. dans les couloirs…) puisse convaincre une personne mal intentionnée de passer son chemin???
    -> faire le silence complet dans une classe de 30 enfants pendant 5 minutes entières, particulièrement en cas de panique, stress, situation inquiétante…. Quelqu’un a t il déjà ne serait ce qu’essayer en situation ordinaire de faire un silence total avec 30 enfants??? Essayer d’accord, beaucoup l’ont fait certainement, mais qui y est parvenu???
    L’école est devenue depuis quelque temps le lieu le plus fermé, contrôlé, protégé…… Un lieu où même les parents ne rentrent plus…. même les livreurs ne peuvent plus pénétrer alors de qui se moque-t-on avec ces exercices inutiles qui en plus doivent évidement coûter de l’argent aux collectivités locales…. comme les fameuses boites PPMS…..
    Et si on laissait VIVRE les enfants comme des enfants tout simplement…. avec ce qu’ils voient à la télé, ce qu’ils entendent aux infos, ce qu’ils comprennent des actualités dramatiques ….. ils ont déjà bien assez de questions a se poser et leurs PARENTS ne sont ils pas les premiers à devoir répondre à tout ça?????

  25. Je suis comme beaucoup plutôt perplexe quant à l’utilité de ces exercices. Il me parait absolument évident que si un terroriste (ou plusieurs) entrent dans une école avec autant de détermination que celui de Nice (pour ne citer que lui) il ira pour y faire un massacre et ce n’est pas en se cachant sous les tables et en se taisant qu’on parviendra à l’éviter.
    Non, c’est absolument certain que ce sera une tragédie de plus. Et pourtant j’ai fini par me dire que ces exercices auraient leur utilité. Voila pourquoi :
    Premièrement, ils vont permettre de mettre à jour de nombreux problèmes concernant la sécurité et d’une école à une autre, étant donné que les situations sont tellement différentes, cela permettra peut-être des ajustements qui, soyons honnêtes, ne serviront à rien en cas d’attaque terroriste, mais qui seront peut-être utiles dans d’autres situations. Bref, dans quelques écoles, on fera peut-être des travaux demandés depuis longtemps mais toujours refusés.
    Deuxièmement, le fait de voir que ces exercices ne sont pas aussi efficaces qu’on pourrait le croire pourra amener à de nouvelles réflexions sur l’attitude à adopter pour sauver un maximum de personnes et je pense qu’il n’est jamais inutile de réfléchir.
    Troisièmement, les enfants en âge de comprendre vont eux mêmes prendre conscience que ce type de menace existe et que certaines attitudes sont préférables à d’autres et à force de faire ce type d’exercice dans des écoles différentes ils finiront peut être même (en tout cas au moins quelques uns d’entre eux), à savoir et à déterminer quand il vaudra mieux essayer de se cacher et quand il vaudra mieux essayer de fuir.
    Ainsi, à force de faire ce type d’exercice peut être que s’ils sont présents lors d’une attaque terroriste dans un autre lieu que leur école ils se souviendront des exercices et penseront à être discrets tout en essayant soit de fuir si le lieu le permet, soit d’essayer de se cacher et espérer échapper au massacre en attendant les secours.
    Bien sur, ce dont je parle mettra des années à se réaliser et quoi que l’on fasse on ne sauvera pas tout le monde, hélas. Mais bon, il faut bien commencer un jour. Alors évidemment il faut accepter que ces premiers exercices soient plus qu’imparfaits et sans doute complètement inutiles à court terme.
    Bien sur il va falloir encore réfléchir sur les mots à employer devant nos élèves en fonction de leur âge pour eviter de faire plus de mal que de bien. Encore des réflexions et à mon avis des discussions à n’en plus finir qui prendront elles aussi de temps…. Car tout ça ne se fera pas en un jour !
    Oui, je ne vous demande pas autre chose que de vous projeter dans l’avenir. Certains vont alors me dire que je vois cet avenir bien sombre. Et bien pas forcément ! Je suis comme beaucoup, j’ai envie de voir les choses positivement et pour l’instant je ne m’interdis pas d’aller au ciné, au théâtre ou à tout rassemblement de personnes car j’ai envie de me dire que pour l’instant les attentats sont rares et qu’il ne faut pas arrêter de vivre car même rares ils n’en sont pas moins réels.

    Après tout, c’est un peu comme lorsqu’on prend l’avion : on sait que certains tombent et on espère tous que ce ne sera pas le notre. Quand l’avion a décollé on écoute tous l’hôtesse nous expliquer les consignes de sécurité d’un air distrait et peu convaincu en se disant que de toute façon si l’avion tombe on mourra tous, un point c’est tout ! En effet, on sait tous que dans toutes les catastrophes aériennes dont on a entendu parler la formule la plus fréquente dit qu’il n’y a aucun survivant. Mais bon, je m’égare.
    La vraie question est celle-ci : faut il ne rien faire en niant les faits et en prenant le risque que si un jour un attentat survient dans une école (ou ailleurs) on se demande si on aurait pas du faire quelque chose, ou faut il essayer de faire quelque chose dès maintenant, même très imparfait mais qui a le mérite d’exister en prenant le « risque » qu’il n’arrive jamais rien sachant qu’il est déjà arrivé quelque chose. Je me dis que si on se place sur le long terme on finira par s’améliorer, par trouver d’autres solutions, par évoluer dans notre réflexion et notre vision des choses.
    Rien qu’en lisant un tel blog avec tous ces échanges je me dis que ces exercices ont au moins réussi cela, à savoir provoquer ces échanges riches en réflexion et en idées. Au moins, on se pose des questions.

    Voilà, en bref j’étais moi même très hostile face à ces exercices et surtout à la façon dont ils ont été présentés, à savoir comme s’ils allaient à eux seuls résoudre les problèmes de terrorisme dans les écoles. ET j’y suis toujours hostile d’ailleurs (à cette façon de présenter les choses)car il est évident qu’en cas d’attaque terroriste dans une école ce sera un véritable drame et je n’aime pas la façon dont on essaie de manipuler l’opinion publique pour faire croire le contraire.
    Mais comme je suis d’un naturel optimiste j’ai voulu essayer de trouver de bonnes raisons pour poursuivre ce type d’exercice en les ponctuant de bilans et de réflexions afin qu’ils servent à quelque chose.

    Désolé d’avoir été si long. Je pense que de mon côté, en cas d’attaque terroriste j’irai parler aux terroristes pendant que mes élèves de maternelle se sauveront. J’ai tellement de choses à leur dire que d’ici que j’aurai fini de leur parler mes élèves seront loin. Le seul problème c’est que les terroristes n’auront sans doute pas la patience de m’écouter aussi longtemps que les courageux qui auront lu mon message jusqu’au bout. Il va falloir que je prépare dès maintenant mon discours histoire de bien les captiver. Qu’en pensez vous ?

  26. En ce qui me concerne, en collège on peut plus facilement dire les choses mais c’est aussi « cultiver le terrorisme ».

    Seulement, ils sont plus âgés, regardent la télé, comprennent « à peu près » les informations.
    Je n’étais pas très emballée l’année passée pour faire ce pseudo « exercice de confinement » qu’on a présenté comme « au cas où il y aurait une tempête, une explosion qui nous oblige à rester à l’intérieur ». A quoi un élève a ajouté « Ou un terroriste »… Pas fou les élèves !

    Cependant je l’ai trouvé également utile quand 2 mois plus tard, il y a eu une vraie « mise en confinement » à cause d’une importante fuite de gaz qui donnait sur la rue du collège. Les élèves n’ont pas paniqué et certains ont même pris des initiatives. Les enseignants savaient gérer.

    De même, cette année il y a eu une « vraie » alarme incendie, 2 semaines après un « exercice ». (qui s’est révélée être la bêtise d’un p’tit malin qui a appuyé sur l’alarme). Et c’est aussi agréable de voir que les enfants ont tout de suite les bons gestes, sans panique…

  27. Merci jean pierre bianchi !!! J ai pas lu tous les messages, mais celui m’a fait un plaisir immense ! Si seulement c était possible … ca serai le bonheur retrouvé que d enseigner !!!

  28. Nous nageons dans un très grand délire… Comment faire autrement en même temps ? Délire parce que ces instructions publiées en ligne tous y compris les présumés terroristes les lisent….D autre part quid de l école bienveillante,ouverte aux parents ? Juste des questions que je me pose… Habituée des PPMS séisme cependant, je peux certifier que seul l entraînement permet de pallier ( un peu ) le stress et la peur…Nous passons à 70 % en mode automatisé dans nos réactions adultes comme enfants. Cela fera peut être la différence dans le taux de victimes. D autre part , ayant vécu une tentative intrusion d un parent armé, hors tout contexte terroriste, j ai été vraiment heureuse d avoir eu une super formation de directeur en ce domaine. Ici encore évaluation du risque et automatisme des réponses.Bon courage en tous cas à tous ….Et développement aussi peut être, en parallèle,le yoga et autres activités de gestion du stress dans nos écoles…

  29. Je partage ce constat notamment pour les élèves les plus jeunes … cependant, il est important de constater aussi que dans des pays dans lesquels les populations sont entraînées via l’école à ce type de menace il y a beaucoup moins de victimes qu’en France alors même que ces pays vivent 50 fois plus d’actes terroristes en nombre … plus d’actes mais moins de victime … cela ne vaut il pas la peine pour sauver des vies?
    Juste une question …
    N’est-ce pas plutôt une question de pédagogie ? Les enseignants ne sont pas formés à présenter correctement ce genre de choses selon l’âge des élèves …
    Quand on est petit on apprend qu’on ne parle pas à des inconnus et néanmoins on ne vit pas toute sa vie traumatisé et dans la peur …
    Je reste perplexe …

  30. Je ne partage pas votre point de vue sur l’inutilité des exercices.
    J’ai justement des maternelles et si cela vous semble facile à expliquer à des CM2…
    Mais, je vais faire et refaire…

    Comme les exercices incendies suite aux tragédies des collèges Pailleron si justement rappelées dans un commentaire, comme les PPMS suite à l’explosion de l’ONIA pardon AZF (je suis une vieille Toulousaine, on savait que cela nous arriverait un jour, mais à part connaître les signaux… on ne s’était entraîné à rien ni en tant qu’élève, ni en tant qu’enseignante), comme la mise en place dans nos écoles de la Haute Garonne du plan Vigipirate sans entrées dans l’école depuis Septembre 2013, ces exercices visent à ce que les réactions salutaires deviennent des réflexes tant pour les élèves que, surtout, pour les profs… Les enfants japonais ont un exercice séisme par mois, pourquoi nier des risques ?
    Et puis, on parle d’intrusion, pas de terrorisme… Si un papa fou furieux (tiens par exemple parce qu’il vient de perdre la garde de ses enfants …) tente de rentrer dans l’école, nous aurons des habitudes ou au moins, nous aurons essayé différents scénarios cf PPMS (comme pour l’exercice incendie, il existe plusieurs types de feu et de lieux de départ… il faut donc varier).
    J’ai perdu 12 élèves au premier exercice… et nous n’avons pas pu sortir par le portail dehors avec les rescapés, je n’avais pas pris la clé…
    30 / 30 …pas bon…. à refaire donc…

  31. Simulacre, mascarade, normal venant de la part des imposteurs qui pratiquent la politique de la peur .
    A qui profite cet état d’urgence,de siège ?
    L’Etat français vend des armes et plutôt « bien »et elles servent donc .Celà a des conséquences…
    A part ça les enfants sont empoisonnés quotidiennement par les pesticides, les ondes electromagnétiques,le nucléaire ,poison éternel, alors le risque d’un attentat …
    La majorité du corps enseignant relaye l’idéologie dominante.
    Intégrer les enfants à la société . En faire des citoyens adaptés, normalisés, gérés, assujettis.
    35 ans que nous régressons car trop de consentement,de collaboration à la société du contrôle .

    Ps: « J’ai justement des maternelles »
     » J’ai perdu 12 élèves au premier exercice »

    Vous « parlez » comme un militaire qui dit j’ai perdu 12 hommes !!!
    La majorité des enseignants me dégoutent !

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_la_peurhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_la_peur
    http://www.babelio.com/livres/Quadruppani-La-politique-de-la-peur/472381

  32. Bonjour,

    Un grand merci pour votre article qui m’a fait beaucoup de bien.

    Je viens de faire l’exercice avec mes élèves aujourd’hui, sans préjugés préalables, en écoutant ceux qui me disent « on fait cela pour le bien des enfants, on a prévenu les parents » etc… Et me me disant « puisqu’il faut le faire, faisons-le ».
    Résultat : j’ai honte et je suis écœurée.

    Pendant une heure, nous étions sous les tables, un homme est venu (un parent? un policier?) et a tapé violemment contre la porte « une des mes élèves a pleuré », je n’ai pas pu aller la voir, la rassurer, il fallait que je surveille la porte (retenue par une table, ridicule, en cas de danger). Certains que je connaissais, ont fait le malin. Rigoler, discuter, faire le zouave. Des enfants livrés à eux-mêmes matin au soir, pour qui « penser à leur sécurité » n’a juste pas de sens… ils sont dans la rue tout le temps. Je fais la sérieuse, demande en chuchotant le calme… pourquoi?

    On nous a demandé d’évacuer en urgence. Comment? J’ai dit aux enfants, on se baisse et on y va. Une bonne partie est sortie debout. Malgré tout, les élèves ont bien fait l’exercice. A côté, une classe de grands qui braillaient à tout va, parce que la situation est juste drôle…

    Cela veut dire :
    (1) En situation réelle, toutes nos précautions n’auraient servi à rien.
    (2) Pour un « exercice », on a banalisé la peur et surtout on a fait peur.

    Et moi, enseignante, impuissante à consoler, aider, rassurer… Je fais l’inverse de mon métier, que j’ai à cœur.

    Je sens qu’on va me faire la morale, les forces de police, l’inspection, la direction. Mais franchement, à quoi ça rime cette mascarade?

    J’aimerais que cette belle énergie pour le PPMS soit « reconvertie ». Rêvons un peu : cette même zèle pour que les enfants s’habillent correctement, des vraies équipes pour que l’enfant soit en sécurité dans sa propre maison, moins d’infiltrations d’eau dans les salles de classe, des grillages extérieurs réparés immédiatement pour la sécurité au quotidien, des vrais fonds pour que l’enfant puisse vivre des projets éducatifs intéressants.

    Mais non, depuis un moment, les fonds sont bloqués. Bref, on n’a plus de sous et on les maintien dans la peur !

    En revanche, en tapant le mot « PPMS » dans un moteur de recherche; je n’ai pas vu beaucoup de personnes s’insurger contre l’exercice, mais des annonces d’entreprises qui proposant de « sécuriser » nos vitrages etc.

    Vive notre monde : payez, subissez et vivez dans la peur! Allons-nous laisser les enfants grandir dans ces conditions?

  33. Mon fils de 3 ans est revenu hier avec la boule au ventre de ce premier « PPMS ». Les instits avaient tout bien fait mais la sonnerie, le noir, devoir se cacher sous la table sans comprendre le sens de tout ceci… l’ont effrayé (il est sensible mais pas non plus angoissé). Discussion totalement fermée avec la directrice, qui doit avoir de bons éléments de langage et compare cela aux exercices antisismiques au Japon. Évidemment un adulte armé qui veut tuer des enfants ee moins de 6 ans parviendra à ses fins, quel que soit « l’entraînement » des pauvres bouts de chou.
    Qui sont les timbrés qui ont inventé cela ?

    1. Merci pour votre témoignage que je vois un peu tard… C’est triste de voir à quel point on entretient la peur. Ici aussi, la hiérarchie compare souvent ces exercices aux évacuations incendie qui sont devenues très habituelles, et j’ai du mal à répondre à cela, sauf que je partage votre conclusion sur les conséquences d’une intrusion. Croisons les doigts que 2021 nous apporte un peu de bon sens et de légèreté ! 🙂

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